Transalsace International

Du dopage…

On dope la terre et l’animal pour arracher jusqu’aux entrailles, à l’une et l’autre plus de fruits et de chairs. Et plus on produit, moins vaut le fruit. On empoisonne le sol pour se débarrasser de l’insecte, et l’on se retrouve sous un ciel vidé de ses oiseaux. On clame que le baccalauréat doit couronner aux taux de réussite de 80 ‰ la période scolaire, et, l’ayant obtenu, on se rend compte que sa valeur s’apparente à une monnaie de singe. Pour être concurrentielle l’entreprise s’en va produire ailleurs. Et ce faisant réduit ses employés en chômeurs, qui eux ne sont plus en mesure d’acheter sa production. Jadis chaque individu était le complément de l’autre, tandis que de nos jours une part de plus en plus importante est réduite à l’inutilité. Alors que le sport devrait fortifier le corps, voilà que le pressant comme un citron on l’extrait de ses forces au bénéfice... de qui ? de quoi ? Pour le jeter dès épuisement. Plus, toujours plus de performances pour nourrir la télévision, cet écran reflet de l’appétit vorace d’une société s’interdisant d’interdire. Une spirale qui un jour débouchera sur l’ère des arènes mortelles de l’époque romaine.

L’énumération pourrait se poursuivre, comme une vis sans fin, d’une civilisation de fausses valeurs, moussée, selon motivation, - par la meilleure des choses - l’argent - et la pire : le fric.

Que vient y faire le TransAlsace ? Le désabusement , qu’exprimait un jeune sportif, je l’ai maintes fois relevé auprès de champions amateurs, qui passés professionnels se voyaient impérativement ramenés au rang de serviteur, sans espoir de pouvoir s’échapper de cet asservissement, leur rêve détruit.

N’y aurait-il pas, hors de cette galère, « où l’on ne sait jamais si les dés sont pipés ou non » n’y aurait-il pas un champ de rayonnement, aux chances égales, raisonnait ce jeune « aux ailes rognées » ?

L’initiation à l’alpinisme n’a de sens que s’il y a des sommets qu’il est valorisant d’atteindre. Le TransAlsace veut l’être pour ces jeunes, pour lesquels, à défaut de professionnalisme et de Tour de France, notre épreuve, par son niveau et la présence de l’élite européenne, constituerait la cime d’une carrière sportive dans le sens noble du terme, d'esprit et de corps sain…

André Zundel - 1998 -

Epilogue

Epreuve de la Coupe du Monde " Espoirs / U 23 " , le TransAlsace, n° 1 en France, représentait sur le plan international, par le haut niveau de ses participants, l’un des rendez-vous annuels des meilleures équipes nationales amateurs du cyclisme Ce qu’atteste son palmarès.

Ce qui devait déplaire à de hauts fonctionnaires fédéraux puisqu’il fut décidé ,arbitrairement, de le classer ME 2.,catégorie certes de niveau international, ouverte aux professionnels, mais privant le TransAlsace de sa spécificité " Espoirs ".

Il se trouve que cette modification, élaborée avec par la Commission Route de l’Union Cycliste Internationale ( U.C.I. )- qui apparemment considère l’organisateur comme un godillot - est contraire à la motivation qui me détermina à créer en 1997 une épreuve exclusivement réservée à l’élite internationale " Espoirs ".

Etant le créateur et l’organisateur, l’unique responsable et sponsor principal par le produit de mon association, je n’avais pas à transiger sur mes préceptes. Le TransAlsace ayant été amputé de sa raison d’être, j’y mis fin, après mûres réflexions, avec la satisfaction de l’avoir amené au plus haut niveau.

Ce fut une belle aventure, de promotion sportive, en terre d’Alsace, terre historique de culture européenne, proie épisodique de son voisinage. Aussi n’est-ce pas sans une certaine tristesse que mes pensées y retourneront, au fil de souvenirs imprégnés de la personnalité de ceux qui me furent particulièrement proches.

André Zundel - 2005 -